Bécherel, cité perchée

Perchée à plus de cent soixante-quinze mètres de hauteur, au coeur d’un écrin de verdure et à la frontière entre les Côtes d’Armor et l’Ille-et-Vilaine, la cité de Bécherel domine les alentours et marque la porte d’entrée du nord de la Bretagne. Cette position stratégique lui a valu l’édification d’un premier château par Geoffroy de Dinan ou son fils, Alain, autour duquel s’est par la suite développé un bourg.

Entre le XIIe et le XVe siècle, la place forte de Bécherel est touchée par de nombreuses guerres et destructions, comme dans tout le reste de la Bretagne. La cité est prise par Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre en 1168, puis en 1183 par son fils, Geoffroy III, duc de Bretagne qui l’assiège et l’incendie. Ces deux épisodes guerriers marquent le début d’une longue série de faits militaires qui ponctuent l’histoire de la cité. Pendant la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365), Bécherel est très convoitée. Les Anglais, les Français et les Bretons mettent le siège devant la cité à plusieurs reprises. Les vestiges des remparts et de l’ancien donjon du château rappellent que la cité a joué un rôle important durant ce conflit.

Le début du XVIe siècle ouvre sur une période de prospérité qui révèle l’importance de Bécherel comme place commerciale. Elle se traduit par l’émergence de marchés et de foires où dominent les textiles issus de l’abondante production locale de lin et de chanvre destinés à l’exportation et
qui fait la richesse des armateurs de Saint-Malo.

Ce dynamisme économique amène la cité à se développer aux XVIe et XVIIIe siècles et à s’étendre vers deux faubourgs. L’activité du textile s’éteint au XIXe siècle et les Bécherellais s’orientent alors vers la tannerie et la mégisserie, puis dans l’industrie laitière jusqu’en 1972.
Depuis une trentaine d’années, la commune de Bécherel s’est engagée pour la valorisation de son patrimoine et de son histoire. En 1978, elle est l’une des premières cités à obtenir la marque Petites Cités de Caractère® . Elle se tourne par la suite vers le livre avec l’organisation d’une première fête du livre en 1989 et devient alors la première Cité du Livre® en France et la troisième en Europe. Le projet porté par l’association Savenn Douar organise des événements qui accueillent de nombreux visiteurs dans cette commune d’environ sept cents habitants.

1   Les remparts et les tours

À la fin du XIIe siècle, le site de Bécherel, devenu enjeu stratégique, est doté d’un château et d’une petite agglomération qui s’entoure de remparts. Ils subiront de nombreux dégâts durant les conflits de la Guerre de Succession de Bretagne (1341-1365) et de la guerre de Cent Ans (1337-1453). En 1419, Jeanne de Laval, baronne de Bécherel, fait reconstruire la muraille. Les guerres passées, en 1628, les habitants demandent la restauration des remparts. Bien qu’ils ne soient d’aucune utilité, ils rassurent les marchands de toiles qui fréquentent la cité à cette époque pour venir y chercher le fil de lin produit dans les environs. Aujourd’hui, les remparts et les tours sont encore bien visibles et sont mis en valeur avec la réalisation de la promenade du chemin de ronde qui permet d’apprécier la vue sur de vastes paysages.

 

2   Les portes de la cité

Autrefois, deux portes permettaient d’accéder à la cité : la porte Berthault et la porte Saint-Michel. Dans le cadre des aménagements de l’espace public, elles sont successivement détruites, dans les années 1830-1840 et en 1887. Aujourd’hui, deux rues qui prennent leur nom laissent imaginer leur emplacement qui ouvrait sur les rues de la Chanvrerie et de la Filanderie, témoins du passé textile de Bécherel.

 

3   Les rues de La Chanvrerie et de la Filanderie

Ces rues témoignent de l’intense activité de tissage du lin et du chanvre exercée dans la cité du XVIe au XVIIIe siècle. À cette époque, la tradition orale raconte que ce terroir «était fertile en lin et que l’on y faisait le plus beau et le meilleur fil de Bretagne». Les toiles sont envoyées à Paris, à Rouen et dans les grandes villes du royaume, même en Angleterre et en Espagne.

Les maisons qui bordent ces rues, construites en pierre de taille de granit, étaient probablement celles des marchands tandis que les ateliers et les maisons de tisserands occupaient le fond de la cour.

 

4   La maison du Gouverneur

La façade en pierre de taille de cette maison de la fin du XVIe siècle, qui associe granite à grains fins et calcaire coquillier issu du gisement proche des Faluns, est ornée de pilastres Renaissance. Bien que l’on ignore pour quel destinataire elle a été construite, son très haut toit en pavillon, qui la distingue de ses voisines, lui a valu depuis longtemps son appellation de maison du gouverneur.

 

5   La maison de la Filanderie

Cette ancienne maison de marchand de toiles du XVIe siècle est bâtie avec un porche permettant d’abriter les échanges, en lien direct avec la rue ; ce qui devait être le cas de la plupart des maisons entourant la place avant le XVIIIe siècle. Sa façade en pan de bois est décorée de motifs appelés brins de fougères. Comme plusieurs maisons de la place, la maison de la Filanderie disposait d’un atelier au fond de la parcelle pour le tissage du lin.

 

6   La situation géographique

Ce point de vue remarquable permet de contempler le relief mouvementé qui s’échelonne entre succession de collines d’est en ouest, de bocage et de boisements en fond de tableau. L’emplacement stratégique dominant un paysage qui s’étend à perte de vue, explique qu’elle fut, au Moyen Age, l’objet de bien des convoitises. Au sud, Bécherel surplombe le vallon de la Couaille et plus loin la plaine du Meu et de la Flume. En contrebas, le côteau au fort dénivellé constitue un rempart naturel. Au nord, se trouve successivement la plaine des Faluns, les vallons profonds et boisés de Saint-Thual, plus loin le bassin de Combourg et le massif de Saint-Pierre-de-Plesguen.

À l’est, le paysage se referme sur le canal d’Ille-et-Rance allant de Rennes à Saint-Malo.

 

7   Les jardins des remparts

L’intérieur des remparts est à l’image de la nature environnante car les jardins y occupent une place importante. En 1825, on compte une centaine de jardins potagers ou d’agrément, principalement regroupés à l’est de la cité. Aujourd’hui encore, leur configuration a peu changé car ils ont gardé leur parcellaire ancien et sont toujours associés à une habitation au cœur du centre ancien. En suivant la promenade des remparts, on admire leur diversité. Qu’ils soient privés ou publics, comme le jardin du Thabor, le jardin du Presbytère et le jardin des remparts, chacun d’eux offre un espace de respiration au cœur de la ville.

 

8   Le jardin de l’ancien couvent

Le patrimoine religieux de Bécherel s’enrichit au début du XVIIIe siècle et, en particulier, avec la construction de ce couvent en 1705. Confié tout d’abord aux soeurs Hospitalières de Saint-Thomas de Villeneuve en 1727, il accueille par la suite une succession d’activités et une chapelle. Ses bâtiments forment un quadrilatère qui abrite un petit jardin. En  contrebas du vallon, ceint derrière de hauts murs, se trouve l’un des jardins les plus imposants et les plus emblématiques de la cité car il présente un intérêt paysager avec sa configuration en terrasse qui s’adapte au dénivelé de la cité.

 

9   Le lavoir de la Couaille

En longeant l’ancien couvent, un rocquet mène au lavoir de la Couaille édifié au XIXe siècle. Il a été construit à l’emplacement d’un ancien lavoir, nommé le Douet du pont, qui servait à blanchir le lin cultivé aux alentours. L’actuel lavoir est alimenté par un cours d’eau, le ruisseau de la Cocheriais, dont le trajet, qui traverse les communes voisines de Miniac sous Bécherel et Longaulnay, est ponctué de moulins, d’un lavoir et d’étangs. Ses abords sont protégés par une charpente qui mettait à l’abri les lavandières.

 

 Perchée dans un écrin de verdure10  L’étang de la Teinture

Le chemin de la Couaille mène à l’étang de la Teinture. Pendant l’activité de tissage, il servait à tremper le lin et le chanvre pour séparer les fibres ; une ancienne maison de tisserand, au lieu-dit de la Ville-Malet, en témoigne. Au XIXe siècle, il servait au trempage des peaux pour l’activité du tannage. Aujourd’hui, ses rives aménagées permettent d’en faire le tour et de découvrir un ancien moulin et une zone humide avec un parcours pédagogique.

 

 

Circuits de randonnée

Placée sur la route des Châteaux de Haute-Bretagne, Bécherel offre plusieurs départs de randonnées pour partir à la découverte de ses ruelles escarpées et de ses alentours. À seulement huit cents mètres du bourg, le célèbre château de Caradeuc et son parc, classé jardin remarquable est surnommé le petit Versailles breton.